Cyberassurance : anticipation et innovation pour contrer la menace numérique

06/02/2025

En quelques secondes, un groupe de hackers peut faire s’effondrer une entreprise, voler des données confidentielles ou paralyser une infrastructure critique. Alors que le numérique envahit nos vies personnelles et professionnelles, il expose également nos données les plus sensibles. Les cyberattaques, devenues imprévisibles et dévastatrices, menacent aussi bien les particuliers que les entreprises. Dans ce Far West numérique, la cyberassurance s’impose désormais comme un rempart essentiel pour protéger, anticiper et accompagner face à des risques en perpétuelle évolution.

Une menace protéiforme en pleine expansion

Les formes d’attaques cybercriminelles ne cessent de se diversifier et de se sophistiquer. En 2023, cette tendance s’est considérablement accentuée.

Pour les particuliers, l’hameçonnage (phishing) demeure l’une des principales menaces, représentant 38 % des demandes d’assistance sur la plateforme Cybermalveillance, un dispositif national lancé par le gouvernement en 2017 dans le but de « porter assistance aux victimes d’actes de cybermalveillance »[1]. Les escroqueries au faux conseiller bancaire émergent par ailleurs comme une tendance identifiée plus récemment et qui connaît une progression spectaculaire de 78 % en 2023. En parallèle, le piratage de comptes illustre cette même tendance à la hausse, enregistrant une augmentation de 22 % sur la même période.

Pour les entreprises, à ces menaces s’ajoute un arsenal cybercriminel développé comprenant notamment les attaques par déni de service et déni de service distribué (DoS et DDoS)[2]. L’utilisation de logiciels malveillants (malwares) et de rançongiciels (ransomwares) est également très répandue. En 2023, les attaques par rançongiciel ciblant les entreprises ont atteint un pic record, avec une augmentation de 40 %[3]. D’après Cybercrime Magazine, le coût total des rançongiciels pourrait atteindre 265 milliards de dollars en 2031.

Ces agressions numériques transfrontalières, fruits d’une ingéniosité sans scrupules, ne connaissent d’autres limites que l’imagination fertile de leurs auteurs. Ces derniers sont toujours prompts à exploiter les nouvelles avancées technologiques à des fins malveillantes. Ils tirent parti des moindres failles des infrastructures numériques, exacerbées notamment par l’essor de la 5G et du cloud, ainsi que par la prolifération des objets connectés (IoT) et le recours accru au télétravail depuis la crise du COVID-19.

Cybercriminalité et cybersécurité, quels coûts ?

Au niveau mondial, le coût de la cybercriminalité a été estimé à 8 000 milliards de dollars en 2023. Ce chiffre devrait atteindre 9 500 milliards de dollars en 2024, puis 10 500 milliards de dollars en 2025[4]. Des montants astronomiques, cinquante fois supérieurs aux budgets de cybersécurité alloués pour y faire face[5].

En France, les pertes liées à la cybercriminalité s’élèveraient à 90 milliards de dollars[6], un chiffre supérieur à ceux du Japon ou du Royaume-Uni. Pourtant, le coût moyen d’une attaque dans l’Hexagone reste inférieur (4,08 millions de dollars contre 4,52 et 4,21 millions de dollars au Japon et au Royaume-Uni)[7]. Cette différence laisse penser que les attaques sont plus fréquentes en France, révélant un écosystème potentiellement plus vulnérable. Selon la neuvième édition du baromètre annuel du CESIN, près d’une entreprise française sur deux aurait subi une cyberattaque d’ampleur l’an dernier. Les secteurs les plus ciblés sont ceux de la finance, de l’énergie et de la pharmaceutique.

Au-delà du coût financier, les conséquences sont multiples et souvent graves : vol de données, déni de service, usurpation d’identité, etc. Pour les particuliers, ces intrusions peuvent entraîner des dommages psychologiques liés à l’ingérence des hackers dans leur vie privée.  

PME et cybersécurité : un fossé préoccupant

Si les grandes entreprises bénéficient en majorité de dispositifs solides pour se protéger, affichant un taux de couverture de 98 %, les PME accusent un retard alarmant avec seulement 3 % d’entre elles correctement équipées[8]. Pourtant, ces structures constituent les premières victimes des cybercriminels, à la fois parce qu’elles représentent des proies plus faciles, mais aussi qu’elles servent parfois de passerelles pour atteindre des acteurs économiques plus importants.

Les freins à une adoption plus large sont nombreux. Les dirigeants de PME sous-estiment généralement leur exposition aux risques, croyant à tort que leur petite taille les protège. À cela s’ajoutent des perceptions erronées sur les coûts de ces solutions, jugés trop élevés, et une méconnaissance des options disponibles sur le marché.

La transformation des stratégies assurantielles face aux risques numériques

Face à des menaces d’une telle ampleur, les assureurs adoptent une posture proactive, dépassant leur rôle traditionnel consistant à réparer les dommages ex-post. Et si les garanties proposées se sont considérablement enrichies, l’heure est désormais à la prévention et à l’anticipation, deux piliers au cœur des nouvelles stratégies assurantielles. En effet, de nombreuses compagnies d’assurance proposent aujourd’hui des services d’audit préventif et de conseil en cybersécurité visant à identifier et réduire les vulnérabilités avant qu’une attaque ne survienne. Ces audits permettent d’évaluer les risques, de tester les systèmes de manière récurrente et de proposer des mesures correctives. En complément, des services d’assistance – tels qu’une hotline dédiée – offrent un accompagnement en temps réel pour gérer les crises avec l’appui d’experts en cybersécurité[9].

Certaines polices d’assurance incluent également des programmes de sensibilisation destinés aux employés, afin de réduire les risques d’erreurs humaines (phishing, mots de passe faibles, etc.). En outre, les assureurs collaborent de plus en plus avec des entreprises spécialisées en cybersécurité pour fournir des outils avancés de détection et de réponse aux incidents.

La technologie et des partenariats avec des acteurs cyber jouent aussi un rôle central dans cette transformation du secteur. L’intelligence artificielle et les outils prédictifs permettent d’analyser en temps réel les comportements suspects et de repérer les vulnérabilités avant qu’elles ne soient exploitées. Ces solutions innovantes, adoptées par des acteurs comme BPCE Assurances, renforcent la résilience numérique des entreprises[10].

En réinventant leurs offres et en sensibilisant leurs clients, les assureurs dépassent leur rôle traditionnel pour devenir des partenaires clés de la transition numérique auprès des particuliers et des entreprises. La cyberassurance s’impose ainsi comme un levier de résilience collective, alliant prévention, anticipation et innovation technologique.

[1] https://www.cybermalveillance.gouv.fr/tous-nos-contenus/actualites/rapport-activite-2023

[2] Attaques (une ou plusieurs sources coordonnées) visant à rendre un service ou site web indisponible pour ses utilisateurs légitimes.

[3] https://www.leparisien.fr/high-tech/annee-record-pour-les-rancongiciels-veritable-menace-pour-les-entreprises-13-02-2024-DSQDIJ4DGZGVVMGV5UQHBDOQ4M.php

[4] https://www.esentire.com/resources/library/2023-official-cybercrime-report

[5] https://fr.statista.com/infographie/31783/cout-annuel-cybercriminalite-cyberattaques-en-france/

[6] https://fr.statista.com/infographie/32299/cout-cybercriminalite-dans-le-monde-et-par-pays/

[7] https://www.atlas-mag.net/category/tags/focus/cout-cyberattaques

[8] Baromètre 2024 de L’AMRAE

[9] https://tribune-assurance.optionfinance.fr/depeches/d/2024-10-01-banque-populaire-et-caisse-depargne-proposent-un-accompagnement-face-au-risque-cyber.html

[10] https://tribune-assurance.optionfinance.fr/depeches/d/2024-10-01-banque-populaire-et-caisse-depargne-proposent-un-accompagnement-face-au-risque-cyber.html